Les colibris ont disparu, laissant la place à d’épais flocons et à une cohorte de mormons. Il faut dire que je me trouve à Salt Lake City pile au moment de la convention annuelle de l’Eglise des Saints des Derniers Jours. Fidèles à leur réputation, les mormons sont d’une très grande gentillesse et il y a toujours une bonne âme pour tout vous expliquer, par exemple que SLC accueille ce week-end 60000 visiteurs attirés par la convention. Par curiosité, je suis allé voir les visitors’ centers de Temple square (le temple lui-même ne se visite pas). L’ordinateur qui promettait de tout me révéler sur mes origines familiales ne marchait pas. Il m’est revenu en tête que les mormons conduisaient une compilation de l’état-civil du monde entier. Les archivistes français les détestent, pour la bonne raison que tout généalogiste est une engeance démoniaque aux yeux des archivistes français. Ca m’aurait amusé de savoir si, comme le dit la doxa familiale, les Garcier viennent d’un village aujourd’hui noyé sous les eaux du barrage de Serre-Ponçon. C’aurait été encore une conflation étrange, Barcelonnette et Salt Lake City.
De dépit, je me suis rabattu sur les reconstitutions de scènes de la Bible et du Livre de Mormon, peuplées de mannequins. L’accoutrement des personnages américains était vraiment bizarre et il m’a fait penser, impie que je suis, à un épisode pilote de Xénia Princesse Rebelle. Pour les costumes et les visages (très caucasiens), parce que sinon, ni les femmes ni les Indiens n’ont de postes à responsabilité dans la geste mormone ou dans la politique actuelle de la LDS. L’aréopage des chefs (les douze apôtres et le triumvirat présidentiel) est très blanc, très mâle et très vieux. Comme au Vatican.
La ville elle-même est surprenante. Je suis resté dans le centre, pas très étendu, très propre, très vide. Des mendiants sans âge, tous blancs, demandent l’aumône sans grande conviction. Le site est magnifique et je me suis juré d’emmener la machine à PIGs lorsque je repasserai ici en fin de semaine, en espérant pouvoir capturer la lumière incroyable du coucher de soleil sur les montagnes enneigées qui entourent la ville.
Update: de retour à SLC, les flocons avaient disparu et la lumière blanche ne favorisait pas la photographie urbaine. Alors, je me suis contenté de faire une PIG du centre ville, montrant les bureaux vides à louer, la skyline assez modeste et la statue de « la ronde de la joie de la famille mormone ».