Liste de lecture pour le cours EDM 2021-2022

Voici la liste des livres pour le cours EDM. Sélectionnez-en un et réalisez une note de lecture (qui n’est pas un simple résumé, mais une discussion de l’ouvrage qui incorpore des notions et des aperçus vus en cours) en 1500 mots +/- 10%. Il s’agit de produire un avis informé sur l’ouvrage. Jouez le jeu et ne lisez pas en amont de critiques de ces ouvrages!

Deadline : 15 février, à m’envoyer par mail

Baptiste Monsaingeon, Homo detritus, Le Seuil, 2017

Romain Felli, La Grande Adaptation. Climat, capitalisme et catastrophe, Le Seuil, 2016

Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares: La face cachée de la transition énergétique et numérique, Les Liens Qui Libèrent, 2018

Eric Vidalenc, Pour une écologie numérique, Les Petits Matins, 2019

Timothy Mitchell, Carbon Democracy: Le pouvoir politique à l’ère du pétrole, La Découverte, 2013

Jean-Marc Jancovici, Dormez tranquilles jusqu’en 2100: Et autres malentendus sur le climat et l’énergie, Odile Jacob, 2015

Un cadeau stylé

Parce que ça prend tellement de temps à faire qu’il vaut mieux partager le résultat: voici, réalisés par votre serviteur, les styles EndNote X7 pour les revues L’Espace Géographique et Géomorphologie: Relief, Processus, Environnement (pour article en anglais – la localisation française suit).

Les fichiers sont zippés.

Télécharger le style de L’Espace géographique.

Télécharger le style de Géomorphologie (anglais).

Télécharger le style de Géomorphologie (français).

Fascinating

L’auto-célébration n’est pas trop le genre de la maison, mais certains book reviews me laissent parfois entrevoir le « sociologue de l’espace » que je pourrais aspirer à être, selon le mot fameux et amical de Baptiste Coulmont… La preuve dans la dernière livraison du British Journal of Sociology [PDF: bjos12031_3]. Bon, c’est sûr aussi qu’il serait mieux que les lecteurs britanniques orthographient correctement mon nom, mais chaque chose en son temps…

Je suis effaré du nombre d’article en mode « brouillon » sur ce site – la plupart ne verront jamais la lumière du jour et les feux de la rampe, j’en ai peur. J’essayerai quand même de mettre un point final à mon compte-rendu de la conférence annuelle de la Royal Geographical Society, qui s’est tenue à Londres la semaine passée.

C’est la zone

J’ai enfin terminé le livre d’Andrew Barry, Political machines: Governing a technological society. Vous me direz, il est paru en 2001, il était temps… Oui, mais je l’ai lu minutieusement et j’en ai tiré pas mal de choses. L’argument de Barry, qui fait entièrement sens, est de prendre au sérieux les implications politiques de la technologie. Ce qui revient à dire qu’il ne parle pas de « politique de la science et de la technologie », mais qu’il interroge la manière dont la technologie informe le politique. Un des concepts les plus intéressants dans le livre est ce lui  de « technological zone », qu’il définit comme « a space of circulation within which technologies take more or less standardized forms ». Les « zones technologiques » constituent des enjeux fondamentaux pour les gouvernements contemporains, autant que la défense de leurs territoires ou de leurs frontières. La question de la souveraineté est reposée par la technologie: contrôler les technologies de diffusion hertzienne, les technologies relatives à la circulation des trains, définir le régime de protection de la propriété intellectuelle… autant d’aspects qui sont éminemment politiques. Ce qui est particulièrement intéressant dans le livre, c’est que l’auteur l’applique à l’Union européenne, définie comme « regulatory state » qui procède, justement, par la définition de zones technologiques superposées. J’ai trouvé que cette entrée dans la question européenne était rafraîchissante et changeait pas mal des approches géographiques classiques (qui font grand cas des politiques de cohésion territoriale et des fonds structurels).

Géographie et droit

Avec Yves et Stéphanie, nous nous sommes rendus vendredi et samedi à un séminaire « Géographie et droit » organisé à Carcassonne par Nadia Belaidi, Geneviève Koubi et Frédéric Ogé. C’était l’occasion de prendre la mesure du développement de ce champ, (re)lancé par la publication de l’ouvrage dirigé par Patrick Forest, et de discuter d’approches conjointes avec des géographes, des juristes, mais aussi d’autres participants qui avaient rencontré très directement le nexus droit-géographie à la faveur de leurs activités professionnelles ou des circonstances de leur vie personnelle. J’ai été très heureux de faire la connaissance d’une participante qui avait contesté avec succès le plan de prévention des risques d’inondation qui plaçait sa maison en zone inondable et s’était, poour ce faire, emparé de toutes les ressources pratiques et théoriques du droit et de la géographie. Les discussions furent animées et m’ont amené à faire quelques constatations.

La première, c’est que la réflexion géographique contemporaine sur la nature de l’espace n’a pas percolé en dehors du cadre de la discipline: les géographes ne conçoivent plus l’espace ni comme un contenant newtonien (donc un espace positionnel), ni comme la « chose étendue », positive dans sa matérialité. Actuellement, la perspective dominante voit l’espace comme une réalité relationnelle, produite par les acteurs sociaux. Or, cette acception, curieusement, ne trouve que peu d’échos chez les juristes, qui s’intéressent principalement aux phénomènes de délimitation et de qualification juridiques des zones.

La seconde, c’est que je me suis fait vertement recevoir quand j’ai laissé entendre (maladroitement) que c’est le caractère performatif du droit qui intéressait les géographes, c’est-à-dire la dimension normative du droit entendue comme ressources pour les acteurs sociaux, sa capacité à être mobilisé en vue d’une intervention. Là, ça coince: les juristes présents étaient assez véhéments pour dire leur peu d’intérêt pour la question de l’application concrète du droit. Il leur paraissait plus riche de conduire une généalogie des mentions et des usages de la géographie dans la formulation du droit, à la fois textuelle mais aussi matérielle (par exemple, dans le cas de la carte judiciaire).

Enfin, et c’est la dernière remarques, il y a un très gros enjeu de vocabulaire pour travailler sur les relations entre droit et géographie: quand je disais « performativité », le mot entendu était « effectivité ». Rien à voir. D’où l’idée lancée par Frédéric de commencer par rédiger une sorte de lexique bilingue, droit-géographie.