Britain, home of the last Marxists

Je suis allé hier à un séminaire fort intéressant sur les politiques de privatisation du logement en Angleterre. Stuart Hodkinson, de l’Université de Leeds, expliquait les politiques publiques mises en place par l’équipe Thatcher et plus ou moins reconduites depuis. En permettant aux locataires d’acheter l’appartement qu’ils occupaient, M.T. a lancé une initiative présentée comme du « capitalisme populaire ». Dans le même temps, le gouvernement jouait de son poids économique sur les villes pour empêcher tout nouvel investissement public dans le logement « social ». Le terme de « social » est d’ailleurs inadéquat ici, puisque Stuart expliquait que précisément, en Angleterre, le logement public n’était pas QUE du logement social, au moins jusqu’au milieu des années 1960. En 1997, le bilan de cette politique était éloquent : 2 millions de logements avaient été cédés (souvent, ceux de meilleure qualité), le montant des investissements publics non effectués se montait à environ 20 milliards de £…

 

Cette politique continuerait aujourd’hui de manière subreptice, par le truchement d’instruments légaux style partenariats public-privé. Je ferai peut-être un nouveau post là dessus. En attendant, je ne résiste pas au plaisir de mettre cette image provenant d’une fédération anarcho-marxiste, que Stuart avait glissé dans son PowerPoint. Ce n’est pas une PIG, mais qu’est-ce que c’est drôle!

Homo economicus

Je n’ai pas encore réussi à faire installer Internet chez moi, ce qui explique ce silence assez prolongé. Etant donnée la complexité de l’offre en matière de haut débit, je me prends à penser que l’homo economicus doit au moins avoir un bac+12 s’il ne veut pas se faire plumer. Bref, ça devrait être résolu bientôt. En attendant, je mets une PIG de mon balcon, histoire de montrer au monde que les zones de reconquête urbaine ont un charme certain… Les ciels présentent toujours cet aspect bizarre, que je ne désespère pas de savoir un jour corriger.

Mon balcon!!

In other news, je regarde avec un grand intérêt le débat autour du prix de l’eau en France prendre de l’ampleur. On retrouve certains éléments présents lors de la crise de l’eau en Argentine et en particulier, la question de la régulation du secteur (c’est-à-dire le rôle de l’organisme public qui édicte les normes, autorise la hausse du prix de l’eau, établit les obligations des compagnies vis-à-vis des clients actuels et futurs, etc). Ce qu’il faut savoir, c’est que dans la littérature scientifique française, l’application de la délégation de service public en France est souvent vantée pour son exemplarité. C’est le « modèle français ». En France, Madame, on n’a pas besoin de régulation parce que nous ne sommes pas des sauvages. Entre les compagnies d’eau et les élus, c’est la confiance, le bonheur, l’harmonie. On ne va pas s’embarrasser de fonctionnaires tâtillons qui vont venir mettre le nez dans nos comptes! C’est l’HAR-MO-NIE, vous dis-je! Résultat : en France, nous n’avons pas de régulation des contrats de délégation ou même, plus généralement, du secteur de l’eau.

Ce que la crise actuelle met en évidence, c’est précisément le caractère complètement fantaisiste de ces affirmations. Des dents vont crisser si, comme l’annonce la presse, Paris et Marseille retournent complètement en régie directe pour la gestion de l’eau. Une régulation nationale (ou régionale, pourquoi pas?) permettrait de mettre à plat les assertions des uns et des autres. Et tiens, tant qu’à faire de l’échange d’expériences Nord-Sud, pourquoi ne pas regarder du côté du Chili comment la régulation des services d’eau a été mise en place?

Paper published

Mon papier sur la pollution de la Moselle vient de paraître, dans sa version définitive, dans Hydrology and Earth System Sciences. La révision m’a demandé beaucoup de travail mais le résultat est plutôt bien. Ce qui est très appréciable, c’est que 1) les figures sont en couleur et 2) le journal fonctionnant sur le modèle de PLoS, l’accès à l’article en PDF est gratuit.