Histoire de fourbir mes armes pour le plenum de la RGS en août et parce que, au risque de me répéter, « Britain is the home of the last Marxists », j’ai entrepris de lire le Capital. J’ai failli écrire relire, mais un vieux retour de culpabilité me contraint à l’honnêteté la plus nue. J’avais vaguement parcouru le début dans le cadre du séminaire de David Harvey à Baltimore. L’ex libris du début porte d’ailleurs la date de septembre 1996. C’est assez bizarre de penser que des livres vous suivent depuis plus de 10 ans, inertes. Je ne sais plus comment j’avais fait pour me procurer un exemplaire du Capital en français aux USA mais je trouvais ça délicieux de suivre un séminaire sur le Capital à Johns Hopkins (université blanche, conservatrice et riche s’il en est). Le livre m’était rapidement tombé des mains et le séminaire avait dès le début été frappé du syndrome « Et toi, Barbara, qu’est-ce que tu en penses? » qui stérilise l’enseignement en Amérique du Nord. Sur le Capital, je n’avais pas nécessairement envie d’entendre Barbara : j’aurais préféré entendre Harvey lui-même. Un séminaire, même participatif, doit être suffisamment dirigé. Le contage intellectuel est ce qui se fait de pire en enseignement. Et sur le Capital, Barbara n’avait pas grand chose à dire.
Curieusement, le livre me paraît moins ennuyeux qu’il y a dix ans. Je ne me souvenais pas que Marx était drôle. Je raffole des petites incises (et notamment du caractère pseudo-scientifique du mot « bourgeois »). La préface d’Althusser est assez touchante, rétrospectivement (« Marx est indispensable à tous, parce que sa méthode scientifique a ouvert le continent Histoire. »). Althusser donne un plan de lecture du livre (que j’ai d’ailleurs pris soin, cette fois, de ne pas suivre). Tiens, voilà un bon projet de résolution pour 2008 : en août, avoir fini le Capital et avoir des choses à dire dessus. Y’a interro le 28.
…et tu nous diras ce que tu en penses ?
Si ce que j’en pense me semble avoir un semblant d’intérêt, oui! 🙂