De l’importance de la sieste pour la connaissance égyptologique

Après les bonnes nouvelles de la semaine dernière (le projet Egypte a été financé par l’ANR à hauteur de 140 000 euros), j’avais envie de parfaire ma connaissance du pays contemporain et j’ai commencé à lire l’œuvre de Timothy Mitchell, qui, il faut bien le dire, a oublié d’être bête. J’ai commencé par Rule of Experts, une collection d’essais portant sur la modernisation en Egypte depuis le milieu du 19e siècle. Mes récents trajets en train (Lyon-Limoges en TER, 5 heures de paysages creusois bucoliques, j’ai même noté les gares désaffectées que l’on traversait histoire de vérifier le trajet sur Google Earth quand j’aurai le temps, c’est-à-dire jamais) favorisant et la sieste et la lecture, j’ai bien dormi et un peu avancé. Ce que j’ai lu m’a beaucoup plu. Mitchell réinterroge les pratiques et le discours de « rationalité » dont l’Egypte a fait les frais à partir de sa mise sous tutelle par les pouvoirs européens en 1882 et qui a permis l’émergence de l’ « économie nationale » comme objet et comme concept. Deux facteurs sont intervenus de manière importante dans ce processus : la maîtrise de l’eau (et en particulier, la création d’un système centralisé et permanent d’irrigation grâce aux barrages d’Assouan construits au début du 20e siècle) ; et l’émergence d’une vision cartographique de l’espace national grâce à la grande carte cadastrale de l’Egypte parue en 1909, qui modifia profondément la pratique de la taxation foncière, entre autres. Tout ça se lit comme un roman et paradoxalement, trouve des échos dans mes préoccupations actuelles sur le nucléaire, que je vais confronter à l’œil expert des physiciens nucléaires du CNRS en fin de semaine à Paris. Le seul hic, c’est que le RER B se prête moins à la sieste que les tortillards de la Creuse.