C’est la zone

J’ai enfin terminé le livre d’Andrew Barry, Political machines: Governing a technological society. Vous me direz, il est paru en 2001, il était temps… Oui, mais je l’ai lu minutieusement et j’en ai tiré pas mal de choses. L’argument de Barry, qui fait entièrement sens, est de prendre au sérieux les implications politiques de la technologie. Ce qui revient à dire qu’il ne parle pas de « politique de la science et de la technologie », mais qu’il interroge la manière dont la technologie informe le politique. Un des concepts les plus intéressants dans le livre est ce lui  de « technological zone », qu’il définit comme « a space of circulation within which technologies take more or less standardized forms ». Les « zones technologiques » constituent des enjeux fondamentaux pour les gouvernements contemporains, autant que la défense de leurs territoires ou de leurs frontières. La question de la souveraineté est reposée par la technologie: contrôler les technologies de diffusion hertzienne, les technologies relatives à la circulation des trains, définir le régime de protection de la propriété intellectuelle… autant d’aspects qui sont éminemment politiques. Ce qui est particulièrement intéressant dans le livre, c’est que l’auteur l’applique à l’Union européenne, définie comme « regulatory state » qui procède, justement, par la définition de zones technologiques superposées. J’ai trouvé que cette entrée dans la question européenne était rafraîchissante et changeait pas mal des approches géographiques classiques (qui font grand cas des politiques de cohésion territoriale et des fonds structurels).