J’écrivais dernièrement à O. que sur le site d’El Deir, à Kharga, avec Jean-Paul Bravard, nous avions été amenés à développer une « géomorphologie historique d’insipiration deleuzienne ». C’est la stricte vérité.
El Deir est le site fascinant que nous explorons depuis 2008, dans l’ANR conduite par Gaëlle Tallet. Un peu à l’écart de l’axe principal de l’oasis, il possède des vestiges antiques puissants et rugueux. Pas d’afféteries royales ou liturgiques, mais quelques bâtiments simples, martiaux, dépouillés, abrités sous le djebel El Ghannaïm. Une grande forteresse en briques crues, datée de la fin du 2e s. AD, qui résiste tant bien que mal aux vents corrosifs venus du nord. Un temple rural dont il reste quelques bâtiments debout. Et un parcellaire agricole encore visible dans ses murets et ses élévations de pierre, dont la reconstitution a constitué un grand casse-tête. Car au Deir, la question que nous nous sommes posés, c’était « à quoi ressemblait le site à l’époque antique? ». Je me suis longtemps dit que n’étant ni géomorphologue, ni géoarchéologue, je n’étais pas le mieux placé pour faire une contribution à la compréhension du site (qui doit tant aujourd’hui à l’immense sagacité de JPB). Etrangement, c’est en cédant à ma pente naturelle — celle d’un lecteur compulsif et exhaustif — que je pense avoir contribué davantage à reconstituer l’histoire du site. Deux grands types de lectures, ami lecteur: les géographes de la fin du 19e siècle, et Gilles Deleuze… to be continued…
j’en étais resté à la géomorphologie climatique dite marxiste de Jean Tricard. Jamais compris pourquoi. Peut être la géomorphologie deleuzienne m’aidera-t-elle à revenir sur ces interrogations ?