Anatomie d’une catastrophe

Entre le 22 et le 28 juin 2007, le Yorkshire a été touché par des inondations catastrophiques. Sheffield n’a pas été épargnée. La ville s’est construite dans une vallée relativement profonde : si les quartiers d’habitation anciens se trouvent sur
les versants, les usines situées le long de la rivière ont pas mal dégusté. J’habite précisément dans une ancienne zone industrielle 19e siècle reconvertie, à 50 mètres de la rivière (mais au troisième étage). Magali vous dirait qu’en transformant ainsi des zones industrielles en zones d’habitation, on prend le risque qu’il y ait davantage de victimes en cas de crue. On augmente la vulnérabilité en modifiant l’usage du sol.
Pourtant, ce n’est pas ça qui retient l’attention ici… c’est plutôt l’aléa (c’est-à-dire les paramètres physiques de la catastrophe). Il y a bien entendu les paramètres climatiques. En quelques jours, aux environs du 25 juin, ce sont 269 mm d’eau (un mm d’eau= 1 litre par mètre carré) qui se sont abattus sur la ville. La moyenne pour le mois de juin est de 69 mm. Le mois de juin a été le mois plus humide à Sheffield depuis le début des relevés, en 1887 (voir le rapport d’enquête provisoire de la commission Pitt sur le sujet).

 

Le pont sur le Don (Sheffield)

Mais il y a plus que ça, comme le montre cette PIG prise cet après-midi [coord.: 53°23’25.91″N / 1°28’31.92″O]. La scène se trouve à 100 mètres de chez moi, c’est un pont sur la rivière Don, qui fait une quinzaine de mètres de largeur à cet endroit. Plusieurs choses sont frappantes :

1. Le lit de la rivière est complètement encombré (notamment de débris de bois), ce qui empêche l’eau de circuler. Des atterrissements importants réduisent d’autant le chenal. Des arbres de haute venue avaient eu le temps de se développer dans le chenal (voir la taille des souches en bas à gauche).

2. Il y a à ce niveau une retenue d’eau industrielle (en anglais, ça se dit « weir »). Dans le centre de Sheffield, il y a quatre autres retenues similaires.

3. Une ancienne usine (« Alfred Beckett ») a été reconvertie en appartements de standing, avec vue sur la rivière.

De là, deux constatations :

1. Il y a un gros problème d’entretien de la rivière. Qui est normalement en charge de curer le cours d’eau et d’éviter ces atterrissements ? Très bonne question… sans réponse vraiment claire. Le Local Council ? L’Environment Agency ?

2. Pourquoi la retenue n’a-t-elle pas été enlevée, alors qu’elle ralentit l’eau et constitue un obstacle à sa circulation… ? A fortiori lors d’une opération de rénovation urbaine …

La réponse est nette : d’une part, la répartition des responsabilités sur la rivière définit aussi l’imputation des frais de curage (ou de suppression de la retenue). Tout le monde se refile la patate chaude, parce que personne n’a envie de payer. D’autre part, la retenue est d’origine industrielle, probablement liée aux installations hydrauliques de feu l’usine Alfred Beckett… Il y a donc fort à parier que les sédiments accumulés derrière la retenue sont bourrés jusqu’aux yeux de métaux lourds (nous sommes à Sheffield, capitale de la métallurgie) et que la prudence recommande d’éviter de remuer la vase toxique.

Pourtant, la rivière n’est pas seule en cause dans les inondations de juin 2007 : elle n’a pas vraiment débordé, comme le montre cette vidéo (la musique est un peu pénible, désolé). La ville a été inondée directement par la pluie parce que la rivière, coupée du reste de la ville par un corset de constructions à fleur de rive, ne joue plus son rôle d’exutoire naturel des précipitations. Une fois que l’eau est tombée, elle a stagné sans pouvoir s’évacuer. Le réseau de drainage artificiel est sous-dimensionné. On voit les conséquences du comblement systématique des vides urbains par la spéculation immobilière : il aurait bien mieux valu laisser des voies d’écoulement à l’eau qu’imperméabiliser systématiquement, colmater toutes les brèches urbaines et remplacer toutes les usines abandonnées par des constructions nouvelles.

 

Logements et commerces vides à côté de la rivière

Pour certains spéculateurs immobiliers, cette situation a tourné à la catastrophe : comment louer un appartement inondable, sachant qu’aucune assurance n’acceptera de l’assurer ? Tous les rez-de-chaussée avec vue sur la rivière sont vides quand les appartements sont en location, ou quand il s’agit de locaux commerciaux, comme ici [coord.: 53°23’25.91″N / 1°28’31.92″O]. Quand le propriétaire (pas très futé) l’habite, en revanche, il y a des rideaux aux fenêtres.
Et des briques sous la télé.

Attendu que l’exhaure de la mine de pechblende était défaillante…

On ne rend pas assez hommage aux Québécois. J’ai la plus grande sympathie pour ce pays, qui a la classe de mettre sur Internet un outil lexicologique spectaculaire, j’ai nommé le Grand dictionnaire terminologique, qui commence là où le Robert et Collins s’arrête (il faudrait d’ailleurs que le Robert et Collins s’arrête avant, en fait, parce que d’après les réactions que j’ai suscitées en utilisant des tournures pompées dans le dictionnaire, tout n’est pas à jour dans le gros livre bleu. Visiblement, certains jours, je parle comme une grand’mère de Cornouailles). Le GDT ne pose pas ces problèmes : c’est essentiellement un lexique trilingue à vocation technique. Il propose la traduction de termes techniques qui seraient autrement extrêmement difficiles à trouver. Je m’en sers quotidiennement. Par exemple, pour trouver la traduction en anglais de mots comme « considérants », « taux de coupure », « exhaure », « pechblende », ce genre de choses… La variété des domaines abordés est spectaculaire. Mais alors, pourquoi trilingue? Parce qu’outre le français et l’anglais, il y aussi le latin. Pour les noms de plante et d’animaux. Vous saviez, vous, que « caribou des bois » se dit « Rangifer tarandus caribou » en latin? J’ai aussi essayé pour les muscles du corps mais ça ne marche pas… Ca m’aurait intéressé de savoir dire « brachoradialis » en français ou « creux poplité » en latin. Dans la version 2.0, peut-être?

Machine à PIGs

Mon appareil numérique, un vénérable Canon Powershot A75, m’a lâché. Il a décidé de faire de toutes les photos des Jackson Pollock… Je suis donc en train de réfléchir à son remplaçant, ce qui ouvre un passionnant débat : quel est le meilleur appareil à PIGs ?
Répondre à la question suppose d’abord de repartir d’une définition de la PIG. J’admets que ma définition est floue, mais c’est un flou de bon aloi. Les formateurs de l’académie d’Orléans-Tours n’ont pas mes pudeurs de jeune fille et affirment que « l’image géographique montre un paysage dans un espace plus où moins vaste » (sic). OK, ami formateur. Disons que pour l’instant, c’est une définition heuristique. Je retiens que le paysage, plus ou moins ample, est un élément déterminant de l’image géographique. Donc, quelle est la meilleure manière de photographier un paysage ?

1. L’objectif

D’après mes lectures récentes, il faut utiliser un objectif « grand angle », qui possède un large champ de vision. Pour la PIG, un gros zoom phallique ne sera donc pas nécessaire : mieux vaudra un objectif qui permette de photographier une vaste portion du paysage sans distorsion excessive. On s’arrêtera donc, dans la course à la petite focale, avant les objectifs dits « fish eye » qui déforment les lignes droites. Et puis, une des caractéristiques les plus intéressantes de la photo numérique est la possibilité de créer, a posteriori, des panoramas (avec quelques problèmes d’harmonisation des couleurs sur lesquels je reviendrai dans un autre post). Cela serait bien plus difficile avec le produit d’un « fish eye », vu que rien ne serait droit… Bon, donc, objectif grand angle mais pas « fish eye ». Allons-y pour une focale minimale de 18 mm.

2. Le scénario de prise de vue

Deuxième aspect à considérer : le scénario de prise de vue. La PIG est-elle spontanée, prise « sur le vif » ou est-elle davantage une photo posée ? De cette considération découle un paramètre important : la taille de l’appareil. Si la PIG est improvisée, il faut se balader en permanence avec l’appareil autour du cou ou bien il faut qu’il soit suffisamment petit pour être glissé dans une poche pour en jaillir en cas de situation PIG-esque. Un peu comme un appareil photo intégré à un téléphone portable. Je soupçonne d’ailleurs certains enseignants fameux d’utiliser cette solution pour faire des photos sur le lieu de travail (ou DE leur lieu de travail)… Il me semble quand même que la PIG est davantage une photo « statique » qu’un cliché pris sur le vif. La PIG devrait rendre une certaine inertie de l’espace… donc, permet d’utiliser un appareil qui n’est pas tout petit (ce qui permet aussi d’avoir une meilleure qualité d’image et un vrai viseur). Donc ou un bridge ou un réflex numérique. Petit tour d’horizon… Les bridges sont un peu gadgétoïdes … Après lecture des commentaires de ceux qui savent, je retiens des réflex numériques d’entrée de gamme : Sony Alpha A200, Canon D400, Nikon D40x, Olympus E510 et Pentax K200D. Le gros avantage, c’est la possibilité de changer d’optique.

3. Mais où se situe la PIG ?

Troisième paramètre : les lieux de prise de vue. Si certains projets se concrétisent, je devrais cette année me retrouver dans des lieux passablement désertiques (moult poussière, sable, etc…) mais je n’oublie pas non plus que j’habite dans un endroit peu avare de précipitations. Je jette donc un œil sur les appareils « tropicalisés » (construits de manière à résister à des environnements moins amènes qu’une grande ville)…Et là, tout se dépeuple : dans une gamme de prix raisonnable, il n’en reste qu’un, le Pentax K200D. Canon et Nikon ont en outre le désavantage de n’être pas stabilisés (seules leurs optiques le sont, ce qui veut dire qu’elles ne sont pas données). Le petit Olympus a un facteur de conversion défavorable (ce qui veut dire qu’il est moins grand angle que les autres) et les optiques sont chères… Quant au Sony (qui est en fait un Minolta), l’objectif livré avec (18-70 mm) semble avoir mauvaise réputation.

Maintenant, la partie vraiment drôle : débarquer chez Jessops pour tenter de négocier le prix (£450) à la baisse… C’est ça aussi le bon côté des périodes de crise économique…

Unmistakeably German

Citroën lance ces jours ci en Angleterre sa nouvelle berline, la C5. La campagne de publicité convoque, en s’en moquant, l’imaginaire géographique lié aux voitures de qualité. Le slogan est imparable : « New Citroën C5. Unmistakeably German. Made in France.» La vidéo de la pub met en scène une espèce d’aristocrate en culotte de peau dans une Bavière suprakitsch (la seule entorse aux clichés géographiques, c’est que le gusse boit une grande pinte de LAIT avec ses Wurst, histoire de ne pas être accusé de drink and drive). Il n’a pas un regard pour la blonde serveuse Gudrun – il jette des œillades énamourées à sa voiture. La pub se termine bien sûr devant la porte de Brandebourg.

L’idée est originale : pas une seule personne en Angleterre ne peut ignorer que Citroën est as French as it gets. Dans l’automobile, les stéréotypes ont la vie dure et un des enjeux pour les marques généralistes est de parvenir à se hisser au niveau dit « premium », où leur réputation leur permettra de vendre leurs produits un rien plus cher. Exemples de marques « premium » ? Volvo, Alfa-Romeo et dans une moindre mesure, Volkswagen et Toyota. Plus on monte en gamme, plus l’effet premium est marqué. Structurellement, une Nissan Z et une Porsche Cayman ne sont pas très différentes. Mais l’une se vend aux environ de €35000 tandis que l’autre commence gentiment à €50000. Les marques allemandes sont par excellence des marques premium et en Angleterre, elles bénéficient d’un préjugé très favorable. Ca a des conséquences sur leur valeur en occasion (où les voitures françaises se décotent davantage et plus vite).

L’enjeu pour Citroën est de faire de sa berline une berline premium – flatteuse pour le client et rassurante pour les gestionnaires de flottes professionnelles (la voiture de fonction est beaucoup plus répandue en Angleterre qu’en France) et beaucoup plus profitable pour le constructeur. Une voiture ayant une bonne image n’aura pas besoin de remises pour se vendre. Le recours détourné aux clichés géographiques permet de développer un discours très économique, où « allemand » devient synonyme de « qualité ». Toyota s’était déjà essayé à la thématique « on dirait que c’est allemand » lors de la campagne de pub de la deuxième version de l’Avensis. Mais c’était pas humoristique du tout.

Les modes de communication autour des voitures restent plus étroitement liés aux caractéristiques culturelles des marchés que les véhicules eux-mêmes. Ce qui vaut pour les Anglais ne vaut pas partout du tout : sur d’autres marchés (Espagne par exemple), les spots de pub ne sont pas humoristiques et montrent la voiture en mouvement sur une musique virile mais correcte. La connotation attachée à français/allemand en matière de voitures n’y est pas la même. Je ne sais pas comment la voiture est vendue sur le marché français… Mais en gros, on serait tenté de dire que les projections des gens sur les voitures sont encore plus fortes que les préférences objectives, matérielles, en matière de véhicules.

Grenelle, eau, radio

J’ai évoqué le 5 mars sur France Culture (ça fait chic) quelques aspects importants de la « gouvernance » de l’environnement en France.

Le terme est assez flou, mais renvoie, grosso modo, à la manière dont les politiques publiques sont conçues et appliquées, à la répartition des responsabilités entre les différents acteurs sociaux, etc. La question de l’eau, qui a été escamotée de manière spectaculaire lors du Grenelle de l’Environnement, fait partie de ces politiques superlatives (au sens où la ressource est littéralement corsetée de lois, de règlements, de chartes de bonnes pratiques, de principes pollueurs payeurs en pagaille) qui vont gaillardement dans le mur parce qu’elles négligent les rapports de pouvoir. Il est impossible de faire une politique environnementale qui ne soit pas une géopolitique. L’espèce de culture du consensus pour le consensus qui prévaut actuellement aboutit de facto à des déprédations environnementales ahurissantes.

Dans le cas de l’eau, la rumeur veut que l’eau ait fait l’objet d’une sorte de marché au Grenelle: les syndicats agricoles auraient obtenu un assourdissant silence sur la question en échange de concessions sur les OGM. En gros, on flingue le Monsanto machin truc mais tout le monde regarde ailleurs quand il s’agit d’évaluer les conséquences sur les ressources en eau des pratiques de la grande agriculture. Qu’on n’aille pas se méprendre : ce n’est pas la petite agriculture de montagne qui pose problème ou l’élevage à l’herbe (qui ne rapportent souvent pas grand-chose aux fermiers, d’ailleurs). C’est la grande céréaliculture, avide d’eau d’irrigation et de pesticides qui rejoignent ensuite allégrement les nappes. Comme j’en faisais état l’année dernière avant que la première version de ce blog ne disparaisse dans le néant cybernétique, Paris a été obligé de construire une usine « d’affinage » pour dépolluer l’eau de source que la ville utilisait jusque là sans traitement. Facture pour la construction : 38 millions d’euros.

Dans le Grenelle, les questions d’eau ont été abordées dans un sous-groupe du groupe de travail sur la biodiversité et n’ont fait l’objet que d’une annexe dans le rapport de synthèse. Mais quelle annexe ! Rédigé par le Ministère de l’Ecologie et les agences de l’Eau, le texte explique à quel point la politique actuelle est incapable de tenir les objectifs qui lui ont été fixées par la directive-cadre européenne sur l’eau (d’octobre 2000), repris et modifiés par les pouvoirs publics. C’est une lecture rafraichissante : voyez-vous-même (l’annexe se trouve entre les pages 42 et 56 du rapport).

Alors, quel rapport avec la géopolitique ? Assez simplement, le montant et surtout la répartition entre les usagers des redevances de pollution et d’usage de l’eau en France sont fixés par des instances appelés Comités de bassin, qui siègent au sein de chacune des six agences de l’eau créées par la loi sur l’eau de 1964. La représentation des consommateurs urbains au sein des comités de bassin est proportionnellement plus faible et surtout plus molle que celle des autres usagers, en particulier les agriculteurs. Le résultat est net : ce sont les consommateurs urbains qui règlent la majorité de la facture. De ce fait, les agriculteurs sont indirectement subventionnés par les urbains, qui doivent de plus payer les traitements de dépollution des ressources en eau potable. Ce système réussit la gageure d’être à la fois inéquitable et inefficace.

Karl, arrête de bouger

Histoire de fourbir mes armes pour le plenum de la RGS en août et parce que, au risque de me répéter, « Britain is the home of the last Marxists », j’ai entrepris de lire le Capital. J’ai failli écrire relire, mais un vieux retour de culpabilité me contraint à l’honnêteté la plus nue. J’avais vaguement parcouru le début dans le cadre du séminaire de David Harvey à Baltimore. L’ex libris du début porte d’ailleurs la date de septembre 1996. C’est assez bizarre de penser que des livres vous suivent depuis plus de 10 ans, inertes. Je ne sais plus comment j’avais fait pour me procurer un exemplaire du Capital en français aux USA mais je trouvais ça délicieux de suivre un séminaire sur le Capital à Johns Hopkins (université blanche, conservatrice et riche s’il en est). Le livre m’était rapidement tombé des mains et le séminaire avait dès le début été frappé du syndrome « Et toi, Barbara, qu’est-ce que tu en penses? » qui stérilise l’enseignement en Amérique du Nord. Sur le Capital, je n’avais pas nécessairement envie d’entendre Barbara : j’aurais préféré entendre Harvey lui-même. Un séminaire, même participatif, doit être suffisamment dirigé. Le contage intellectuel est ce qui se fait de pire en enseignement. Et sur le Capital, Barbara n’avait pas grand chose à dire.

Curieusement, le livre me paraît moins ennuyeux qu’il y a dix ans. Je ne me souvenais pas que Marx était drôle. Je raffole des petites incises (et notamment du caractère pseudo-scientifique du mot « bourgeois »). La préface d’Althusser est assez touchante, rétrospectivement (« Marx est indispensable à tous, parce que sa méthode scientifique a ouvert le continent Histoire. »). Althusser donne un plan de lecture du livre (que j’ai d’ailleurs pris soin, cette fois, de ne pas suivre). Tiens, voilà un bon projet de résolution pour 2008 : en août, avoir fini le Capital et avoir des choses à dire dessus. Y’a interro le 28.

York

Je suis allé me promener à York hier, qui n’est guère qu’à une heure et demi de train de Sheffield. Je n’étais pas le seul à avoir eu l’idée, le centre-ville a juste la bonne taille pour s’y promener le temps d’une courte journée et c’était bondé. La cathédrale (le Minster) est magnifique et York a ce charme particulier des villes qui sont passées à côté de la grande expansion industrialo-urbaine du 19e siècle – une sorte d’Orléans ou de Dijon anglais.

York

Le contraste avec Sheffield est assez spectaculaire. Samedi prochain : Leeds, particulièrement propice au Christmas shopping.

« Facebook is resulting in social drama for me »

This is one of the reasons Facebook gives you to deactivate your account. Another one is « I don’t feel safe on the site ».  As for me, none of these reasons is really overwhelming in my choice not to get a functional profile. I’d rather go for something a little more personal. The idea of being a part of a giant graph is not enticing at all. And there are so many people I don’t want to know. 🙂

Britain, home of the last Marxists

Je suis allé hier à un séminaire fort intéressant sur les politiques de privatisation du logement en Angleterre. Stuart Hodkinson, de l’Université de Leeds, expliquait les politiques publiques mises en place par l’équipe Thatcher et plus ou moins reconduites depuis. En permettant aux locataires d’acheter l’appartement qu’ils occupaient, M.T. a lancé une initiative présentée comme du « capitalisme populaire ». Dans le même temps, le gouvernement jouait de son poids économique sur les villes pour empêcher tout nouvel investissement public dans le logement « social ». Le terme de « social » est d’ailleurs inadéquat ici, puisque Stuart expliquait que précisément, en Angleterre, le logement public n’était pas QUE du logement social, au moins jusqu’au milieu des années 1960. En 1997, le bilan de cette politique était éloquent : 2 millions de logements avaient été cédés (souvent, ceux de meilleure qualité), le montant des investissements publics non effectués se montait à environ 20 milliards de £…

 

Cette politique continuerait aujourd’hui de manière subreptice, par le truchement d’instruments légaux style partenariats public-privé. Je ferai peut-être un nouveau post là dessus. En attendant, je ne résiste pas au plaisir de mettre cette image provenant d’une fédération anarcho-marxiste, que Stuart avait glissé dans son PowerPoint. Ce n’est pas une PIG, mais qu’est-ce que c’est drôle!

Homo economicus

Je n’ai pas encore réussi à faire installer Internet chez moi, ce qui explique ce silence assez prolongé. Etant donnée la complexité de l’offre en matière de haut débit, je me prends à penser que l’homo economicus doit au moins avoir un bac+12 s’il ne veut pas se faire plumer. Bref, ça devrait être résolu bientôt. En attendant, je mets une PIG de mon balcon, histoire de montrer au monde que les zones de reconquête urbaine ont un charme certain… Les ciels présentent toujours cet aspect bizarre, que je ne désespère pas de savoir un jour corriger.

Mon balcon!!

In other news, je regarde avec un grand intérêt le débat autour du prix de l’eau en France prendre de l’ampleur. On retrouve certains éléments présents lors de la crise de l’eau en Argentine et en particulier, la question de la régulation du secteur (c’est-à-dire le rôle de l’organisme public qui édicte les normes, autorise la hausse du prix de l’eau, établit les obligations des compagnies vis-à-vis des clients actuels et futurs, etc). Ce qu’il faut savoir, c’est que dans la littérature scientifique française, l’application de la délégation de service public en France est souvent vantée pour son exemplarité. C’est le « modèle français ». En France, Madame, on n’a pas besoin de régulation parce que nous ne sommes pas des sauvages. Entre les compagnies d’eau et les élus, c’est la confiance, le bonheur, l’harmonie. On ne va pas s’embarrasser de fonctionnaires tâtillons qui vont venir mettre le nez dans nos comptes! C’est l’HAR-MO-NIE, vous dis-je! Résultat : en France, nous n’avons pas de régulation des contrats de délégation ou même, plus généralement, du secteur de l’eau.

Ce que la crise actuelle met en évidence, c’est précisément le caractère complètement fantaisiste de ces affirmations. Des dents vont crisser si, comme l’annonce la presse, Paris et Marseille retournent complètement en régie directe pour la gestion de l’eau. Une régulation nationale (ou régionale, pourquoi pas?) permettrait de mettre à plat les assertions des uns et des autres. Et tiens, tant qu’à faire de l’échange d’expériences Nord-Sud, pourquoi ne pas regarder du côté du Chili comment la régulation des services d’eau a été mise en place?