Juste une petite image pour le plaisir : une carte de courbes de niveaux extraite à partir d’un modèle numérique d’élévation SPOT qui représente le site égyptien où je pars la semaine prochaine.
Géographie – films documentaires – formations
Juste une petite image pour le plaisir : une carte de courbes de niveaux extraite à partir d’un modèle numérique d’élévation SPOT qui représente le site égyptien où je pars la semaine prochaine.
Pas mal de travail et de péripéties en ce moment… Entre la sécurité militaire égyptienne qui nous explique que la photographie aérienne par cerf-volant, ça ne va vraiment pas être possible, des working papers en pagaille, des rendez-vous dans les tours de La Défense et pas mal de lectures, je ne m’ennuie pas. Pour préciser un peu sur les lectures, je suis en ce moment immergé dans la littérature sur les commodities studies, c’est-à-dire sur le rôle des objets dans les interactions socio-spatiales. Mon ignorance était très grande sur ce sujet (je dois dire qu’initialement, ça m’évoquait surtout la médiologie de Régis Debray) mais j’ai été convaincu par certains des textes fondateurs de ce champ d’étude, et notamment le lumineux chapitre d’Appadurai (Commodities and the Politics of Value) dans le bouquin de 1986 qu’il a dirigé, The Social Life of Things. Les commodity studies sont une sorte de spécialité de Sheffield avec des représentants fameux comme Peter Jackson (non, pas le cinéaste de King Kong, mais son homonyme) et Nicky Gregson. Peter s’intéresse aux questions alimentaires et autrement qu’en faisant une géographie culturelle de la paëlla (suivez mon regard). Nicky s’est intéressée aux pratiques de mise au rebut des objets, donc aux déchets (ce qui explique aujourd’hui son rôle moteur, et ce n’est rien de le dire, dans The Waste of the World). Il y a beaucoup à apprendre, du point de vue du fond comme de la méthodologie, de ces études qui font une large places aux méthodes qualitatives et aux « ethnologies », en ayant toujours le souci de baliser les imaginaires géographiques. C’est assez étonnant comme en Angleterre, la frontière entre les disciplines semble plus perméable qu’en France. L’endroit d’où on parle a moins d’importance que ce que l’on dit. Je n’ai encore jamais entendu quelqu’un prononcer la phrase-couperet des géographes français: « Ce n’est pas de la géographie »… et pourtant, Dieu sait que parfois, ce n’est pas vraiment pas de la géographie. Il me reste à écrire un billet, évoqué il y a quelques temps ici, sur les communications les plus bizarres du congrès de la RGS en août, mais je me demande si je ne vais pas attendre d’avoir davantage de biscuit, et en particulier, de pouvoir vous entretenir du cirque des bizarreries auquel je devrais assister au congrès de l’Association des géographes américains, en mars à Las Vegas. Promis, je mettrai une photo de moi avec Elvis sur une gondole.
Continuant sur mes lancées harveyesques, remerciant au passage Stéphane de sa vigilance — cf. commentaire du billet précédent — et m’étant juré que je vérifierai mieux mes informations les prochaines fois, je me suis plongé dans l’exploration de www.davidharvey.org, dont on suppose qu’il est le site officiel de David Harvey. Le site propose des vidéos des cours de Harvey sur Le Capital qui sont assez mythiques dans le milieu de la géographie anglosaxonne depuis qu’ils ont débuté, il y a une quarantaine d’années. Il n’a pas beaucoup changé Harvey, depuis le temps où j’avais commencé à suivre ce même cours quand il le donnait à Johns Hopkins, à Baltimore. Je lui trouve toujours un petit air de Marx. J’espère que la barbe n’est pas une obligation pour piger Le Capital, parce que sinon, je suis mal barré. Du point de vue du contenu, ce que je vois sur le site ne cadre pas vraiment avec mes souvenirs : à Baltimore, Harvey faisait beaucoup plus le « rinpoché », si on m’autorise cette métaphore tibétaine et limitait ses interventions à des sortes de paraboles cryptiques qui étaient extraordinairement frustrantes. Je me souviens avoir tenté de lui extraire un commentaire sur le statut de l’or dans le monde contemporain (parce que si mes souvenirs sont bons, depuis la conférence de la Jamaïque de 1976, l’or ne sert plus à garantir les monnaies entre elles au niveau international). J’en avais été pour mes frais, et j’avais donc décidé de ne plus aller à ce séminaire (il faut dire que lire 60 à 80 pages de Marx par semaine en anglais, c’était un peu rude à suivre). Là, les cours sont limpides et substantiels. Ils fournissent un très bon complément à la lecture « cover to cover » de Limits to Capital, dans laquelle je me suis lancé, en attendant de récupérer mon exemplaire du Capital (en français) que j’ai oublié récemment dans le très bel appartement d’un cousin prospère. J’espère que le livre ne trône pas sur la table à café du salon, preuve irréfutable de ma duplicité sociale.