De la grande imprévisibilité de l’Orient et quelques autres choses

Pas mal de travail et de péripéties en ce moment… Entre la sécurité militaire égyptienne qui nous explique que la photographie aérienne par cerf-volant, ça ne va vraiment pas être possible, des working papers en pagaille, des rendez-vous dans les tours de La Défense et pas mal de lectures, je ne m’ennuie pas. Pour préciser un peu sur les lectures, je suis en ce moment immergé dans la littérature sur les commodities studies, c’est-à-dire sur le rôle des objets dans les interactions socio-spatiales. Mon ignorance était très grande sur ce sujet (je dois dire qu’initialement, ça m’évoquait surtout la médiologie de Régis Debray) mais j’ai été convaincu par certains des textes fondateurs de ce champ d’étude, et notamment le lumineux chapitre d’Appadurai (Commodities and the Politics of Value) dans le bouquin de 1986 qu’il a dirigé, The Social Life of Things. Les commodity studies sont une sorte de spécialité de Sheffield avec des représentants fameux comme Peter Jackson (non, pas le cinéaste de King Kong, mais son homonyme) et Nicky Gregson. Peter s’intéresse aux questions alimentaires et autrement qu’en faisant une géographie culturelle de la paëlla (suivez mon regard). Nicky s’est intéressée aux pratiques de mise au rebut des objets, donc aux déchets (ce qui explique aujourd’hui son rôle moteur, et ce n’est rien de le dire, dans The Waste of the World). Il y a beaucoup à apprendre, du point de vue du fond comme de la méthodologie, de ces études qui font une large places aux méthodes qualitatives et aux « ethnologies », en ayant toujours le souci de baliser les imaginaires géographiques. C’est assez étonnant comme en Angleterre, la frontière entre les disciplines semble plus perméable qu’en France. L’endroit d’où on parle a moins d’importance que ce que l’on dit. Je n’ai encore jamais entendu quelqu’un prononcer la phrase-couperet des géographes français: « Ce n’est pas de la géographie »… et pourtant, Dieu sait que parfois, ce n’est pas vraiment pas de la géographie. Il me reste à écrire un billet, évoqué  il y a quelques temps ici,  sur les communications les plus bizarres du congrès de la RGS en août, mais je me demande si je ne vais pas attendre d’avoir davantage de biscuit, et en particulier, de pouvoir vous entretenir du cirque des bizarreries auquel je devrais assister au congrès de l’Association des géographes américains, en mars à Las Vegas. Promis, je mettrai une photo de moi avec Elvis sur une gondole.